Quel magnifique instrument que la harpe !
Son image accompagnée de la harpiste évoque immédiatement pour le grand public un imaginaire féerique, romantique et enchanteur. Mais laissez-moi vous la présenter un peu mieux :
La harpe est malheureusement encore trop rare dans le paysage musical Français. Elle souffre de beaucoup de préjugés (trop chère, trop difficile, trop grosse,…)
Pour être moi-même (harpiste professionnelle) passée dans beaucoup d’écoles afin de la présenter et pour avoir beaucoup parlé avec mon public après les concerts, la harpe remporte à chaque fois un succès indiscutable et un regret général de ne pas l’entendre et la voir plus souvent. Combien ont découvert tardivement que la harpe avait 7 pédales !
On l’imagine souvent réservée aux riches salons ou aux châteaux, jouée par une harpiste digne d’une princesse telle La reine Marie Antoinette à Versailles. Dans d’autres parties du monde elle est un instrument populaire à part entière et est présente dans toute formation folklorique qui se respecte! (pays celtes, Amérique latine,…) d’ailleurs elle est souvent jouée dans ce contexte par des harpistes masculins ! La harpe n’est pas le seul apanage des femmes.
C’est un instrument soliste et polyphonique dit « à clavier » au même titre que le piano l’orgue ou le clavecin mais avec cette sonorité unique ronde et cristalline et cet aspect esthétique tellement magique.
Les conservatoires facilitent son apprentissage en développant les classes par la harpe celtique qui est plus accessible au début par sa taille (adaptée aux enfants) et son coût. Les harpistes en herbe peuvent par exemple acquérir une harpe celtique en la louant pour 30 euros mensuels ou en acheter une d’occasion à partir de 900 euros environ.
Son utilisation est donc très large : concerts de musique de chambre (du duo avec violon ou Flûte jusqu’au quatuor ou quintette voir plus), récitals en soliste, concertos avec orchestre, musique traditionnelle et folklorique de tous horizons, mais aussi animations de soirées évènementielles, mariages, baptêmes, etc… en formation classique ou pas d’ailleurs.
Son déplacement et son transport est plus simple que celui d’un piano : Chaque harpiste a pour habitude de se déplacer avec son propre instrument pour se produire.
Le répertoire est plus large qu’on ne le pense ! Les partitions originales sont moins importantes que celui du piano mais en tant qu’instrument à clavier, beaucoup de ces morceaux sont facilement transcriptibles. Beaucoup de harpistes font un gros travail de découverte et d’adaptation du répertoire musical quelque soit les styles. Bach sonne à merveille sous les cordes d’une harpe, certaines pièces de Chopin ou Liszt également, sans parler de la musique française du début du 20ème siècle. D’ailleurs Debussy lui-même disait avoir écrit beaucoup de ces œuvres pour piano aussi pour la harpe ! Les éditeurs ne le précisent tout simplement pas sur la partition …Plus près de nous, le célèbre compositeur Michel Legrand accorde à la harpe une place de choix dans ses œuvres grâce peut être à sa chère compagne, grande harpiste de renommée internationale.
Personnellement j’ai choisi de consacrer une partie de mon métier de harpiste professionnelle à découvrir le répertoire Latino-américain avec la musique Cubaine Brésilienne et Argentine de notre siècle. Cela me permet d’emmener la harpe de Versailles aux barrios cubains dans un univers inattendu et nouveau, mêlant sa sonorité féerique aux subtilités rythmiques et mélodiques de cette musique, ce qui finalement lui va à ravir !
Les différents acteurs de la corporation (harpistes professionnels et luthiers) ont réellement à cœur de démocratiser la harpe en variant les styles musicaux abordés et les formations, et en créant des instruments abordables pour tous.
Céline MATA
Lire également l'article de Céline Mata sur l'histoire de la harpe.